Les causes du dysfonctionnement dans ces groupements, dont le nombre s’élève à 1.374, sont nombreuses
Le dérèglement climatique et l’intensification des périodes de grande chaleur et du phénomène de grande sécheresse posent avec acuité le problème de l’alimentation et de la gestion de l’eau potable en milieu rural. Aujourd’hui, plusieurs régions à l’intérieur du pays ont soif. Des habitants se plaignent de rester privés d’eau pendant plusieurs mois. D’autres parcourent des kilomètres à pied sous un soleil de plomb pour s’alimenter à partir des fontaines publiques des villages. Les coupures fréquentes d’eau qui durent pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, dans plusieurs localités rurales et qui sont devenues un mal endémique ont pour origine les prestations médiocres des groupements de développement agricole qui ont pour rôle d’assurer la desserte en eau dans les zones rurales conformément au décret n°1819. Les GDA ont vu le jour à la fin des années 80 pour répondre aux besoins des zones rurales en eau potable et en eau d’irrigation. Plusieurs ministères sont impliqués dans leur création: le ministère de l’Agriculture s’occupe de tout le volet technique (aménagement des canalisations,…) tandis que le ministère des Finances assure le contrôle des montants perçus par ces groupements auprès des consommateurs. Les gestionnaires de ces GDA sont généralement désignés par les délégués régionaux qui choisissent des personnes en qui ils ont confiance et qui font autour d’elles l’unanimité. Or ces groupements ont très vite montré leurs limites.
Des GDA de plus en plus inopérants…..
Réputés pour être de mauvais payeurs, ils cumulent les impayés auprès de la Steg et des commissariats régionaux au développement agricole (Crda). Les causes du dysfonctionnement dans ces groupements, dont le nombre s’élève à 1.374, sont nombreux: outre les dépassements et les fraudes qui ont été relevés au cours des deux dernières décennies, d’autres causes justifient également le fait que ces GDA ne remplissent plus convenablement leur rôle et n’arrivent plus à desservir régulièrement les habitants en eau potable, faute de moyens: insuffisance des ressources financières, augmentation des tarifs de la Steg, vétusté des réseaux de distribution de l’eau potable, difficulté d’accès aux zones reculées et non aménagées….
Face à ce constat d’échec, des experts ont proposé d’autres alternatives aux GDA dont l’une consiste à remplacer ces groupements par une «Sonede» rurale qui alimenterait les citoyens vivant dans les zones rurales à partir du réseau national. Or ce projet est quasiment impossible à réaliser et relèverait même de l’utopie dès lors que le réseau de la Sonede souffre également de vétusté et ne peut pas supporter le raccordement supplémentaire de tous les citoyens desservis par les GDA à travers tout le territoire. Selon Madame Gafraj, experte en eau et en adaptation au changement climatique, une des solutions consisterait plutôt à créer une agence nationale de l’eau potable et de l’assainissement en milieu rural qui aurait pour rôle d’encadrer, d’une part, les GDA qui opèrent sans difficulté et de gérer directement, d’autre part, les groupements défaillants. Pour l’heure, ces alternatives sont très loin de la voie de la concrétisation tandis que la situation se complique de plus en plus dans plusieurs zones rurales qui souffrent de soif.